
des fuseaux en bois tourné en guise de parois

la terminaison des pieds en escargot est typique de la
panetière provençale

une autre terminaison caractéristique : les bobèches,
mouchets, plumets ou candelié placés sur la corniche |
Pour décrire la panetière provençale, celle qui
se singularise au XVIIIe siècle par un décor sculpté abondant, nous
pouvons tenter ce résumé :
-
un meuble en réduction ajouré de barreaux généralement sur trois
faces ;
- sur le devant une porte richement sculptée et accompagnée
d’une ferrure digne d’une armoire,
- terminé par des pieds le plus
souvent en escargot.
La panetière reposait sur le pétrin mais elle
fut suspendue au mur tout en gardant ses pieds. Détachée de son
pétrin elle gagnait une place décorative.
Des sculptures partout
D’une facture vigoureuse, la sculpture
s’empare de la panetière dans sa totalité. Edith Mannoni
(Mobilier provençal, Editions Massin) parle d’un « meuble
follement léger avec des façades pleines de vides ».
La panetière provençale n’est que
sculpture :
- Des fuseaux en bois tourné en guise
de barreaux s’alignent en grille sur trois faces laissant
ainsi passer la circulation de l’air pour une bonne conservation du
pain. Le fond de la panetière est souvent constitué d’un
panneau plein. Ces « faces pleines de vides » valorisent le
travail du sculpteur. Sur la porte centrale encore de la
sculpture : parfois les fuseaux sont repris, parfois le
menuisier-ébéniste montre son excellence par un motif ajouré
de lyre ou par une porte pleine sculptée.
- Les pieds se terminent en forme
d’escargot, en boules ou glands tournés.
- Une autre terminaison,
caractéristique de la panetière provençale : les ornements
tournés au-dessus de la corniche. On les appelle « candelié
», nom provençal de chandelle ; en Arles on les nomme
bobèches, en Avignon, mouchets ou plumets. Ces petits
ornements tournés qui scandent la façade, les coins et les
côtés donnent à la panetière une allure d’architecture. Ils
font penser aux clochetons et cheminées représentées dans
les peintures de Venise.
- La traverse basse, le fronton et la
porte font toujours l’objet d’une grande richesse
décorative. Le bois est ici sculpté finement et
vigoureusement, soit en ronde-bosse soit ajouré, de motifs
XVIIIe et XIXe siècles ou de moulurations.
- Enfin la forme générale de la
panetière. Les façades peuvent être planes, cintrées,
galbées ; les frontons généralement très silhouetté par les
bobèches mais aussi par les corniches en chapeau de gendarme
ou en courbes.
Les motifs
Nous avons vu que notre panetière est
devenue en quelque sorte provençale au XVIIIe siècle.
Son usage et donc sa fabrication se
poursuivront tout au long du XIXe. De ce fait elle emprunte
aux motifs en vigueur à ces époques. On retrouve les
répertoires suivants :
- corbeilles et guirlandes de fleurs,
grappes de fruits, carquois et flèches, trophées
d’instruments de musique, soupières, nœuds et rubans,
torchères, lyres typiques de la fin du XVIIIe siècle (Louis
XVI),
- oiseaux picorant, corbeilles de
fruits, branches d’oliviers, éléments végétaux, coquilles
dans le style Louis XV et régional,
- à Fourques (près d’Avignon), un style
particulier se développe, tout en creux et relief, peut-être
en réaction à la profusion des décors baroques ; la
sculpture des panetières s’organise en moulures linéaires
qui s’achèvent en boucles enroulées en colimaçon ou une
corne de bélier.
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