Suite à ses investigations, Bruce Newman,
l’auteur de Meubles insolites, émet l’hypothèse que le mobilier de
style grotte ne peut être attaché au XVIIIe siècle. Plusieurs
arguments sont mis en avant :
- La conception et la fabrication de ce mobilier sont
rudimentaire.
- Les constructions sont souvent bancales ce qui est l’opposé
des exigences des ébénistes de grand siècle.
- Les assemblages ne voient guère de chevilles de bois mais
bien davantage de simples vis ; les têtes de vis sont souvent
encastrées et dissimulées par un enduit de finition ; cette
dissimulation permet de croire que les vis sont d’origine.
- Les défauts de chevillage, donc de solidité, sont compensés
par des entretoises de renfort sous les sièges.
- L’examen de près révèle que certains éléments ont pu être
tournés à la machine.
D’autre part les deux modèles les plus
courants du mobilier grotte sont le confident et le
rocking-chair. Ces deux formes ne furent inventées qu’après
1800.
La majorité de ces meubles recevaient
une finition de feuilles argentées, rehaussées d’une couche
brillante d’or brun pour donner un peu de relief aux
cannelures des coquilles. Ce procédé donnait une irisation
proche de celles de ormeaux.
Mais d’où ces meubles étaient-ils
fabriqués ? Pour Newman, Venise ( ?), cité des eaux, riche
en épopée maritime, est sans soute la meilleure piste. Deux
fabriques fonctionnaient dans la deuxième moitié du XIXe
siècle : celle d’un dénommé Pauly en activité jusqu’en 1930
et celle d’un Rémi qui signait ses meubles d’une plaque
métallique.
Ci-dessus, rare
vitrine d’inspiration marine.
Elle est
attribuée à la firme vénitienne Pauly et Cie. Très peu
d’exemplaires de ce modèle ont survécu.
Le corps est
sculpté en imitation de branches coralliennes ornées de
nautiles, d’hippocampes, de coquillages, le dessus est
surmonté d’un serpent de mer, de conques et d’étoiles de
mer. La vitrine prend appui sur quatre pieds en forme
d’anguilles qui reposent sur une plate-forme transversale
cannelée comme une coquille Saint-Jacques. Les pieds
terminaux sont sculptés dans le style rocaille. La couleur
argentée de la finition fait office de simulacre des
irisations de la nacre ; quelques touches de bleu, de rouge
et de brun font ressortir les éléments sculptés.
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