Mise au point sur les huiles et les essences
par
Jean-Charles
FUMOUX
ancien élève de Robert Mermet
restaurateur de tableau, professeur de peinture
74 Bvd de Cessole
06100 Nice
04 92 09 88 65
jc.fx@orange.fr
peindre-vrai.fr |
Cet article est une mise au point concernant en particulier la
recherche de la perfection atteinte par les anciens Maîtres
Flamands. |
Des huiles différentes...
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En ce qui concerne les huiles employées par les anciens Maîtres
il est important sinon fondamental de savoir que les huiles qu'ils
employaient étaient très différentes des nôtres. En effet,
depuis les années 1700 les huiles sont produites de façon
différente, par adjonction d'eau bouillante en étuve.
Avant cette date l'extraction des huiles était fort différente :
d'abord torréfiées, les graines de lin ou les cerneaux de noix
étaient enfermés dans des sacs de toile puis placés sous presse.
Le rendement en huile était inférieur mais le produit obtenu
différent de celui que nous connaissons aujourd'hui. Sa
siccativité était largement plus importante et le film de linoxyne
obtenu bien plus résistant.
En un mot le produit utilisé par les anciens Maîtres était complètement
différent, chimiquement, de celui que nous utilisons de nos jours.
La cuisson des huiles, qui en améliore la siccativité, nous livre
un produit qui se rapproche de l'huile des Anciens mais lorsqu'on
veut étudier les "secrets" de Van Eyck en particulier il
est indispensable de partir des mêmes produits de base. Ces huiles
obtenues en partant de graines ou de cerneaux torréfiés étaient
très visqueuses et très colorées... coloration qui rappelle
étrangement la couleur de l'ambre....
Le vernis à l'ambre de BLOCK ne permet pas, malheureusement, le
même travail que celui qu'obtenait Van Eyck... Faudrait-il
abandonner la piste de la dissolution de l'Ambre ? Je le pense
!
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et d'autres essences...
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En ce qui concerne les essences utilisées pour la dissolution
des résines, celles utilisées par les anciens étaient
différentes aussi. Ils les produisaient en partant des résines
elles-mêmes. En particulier les vénitiens qui étaient grands
amateurs de baume de Bijon (Baume de mélèze) produisaient-ils leur
essence en partant de la même résine d'où une dissolution à
chaud des résines bien supérieure à celle obtenue avec l'essence
de térébenthine ordinaire. N'oublions pas par ailleurs que le
Mélèze est un feuillu alors que le pin, d'où est produite la
térébenthine, est un résineux.
L'huile de noix était très utilisé par les peintres primitifs,
en particulier dans les pays méridionaux !...
Pour terminer, les caractéristiques des huiles cuites modernes
sont :
- viscosité plus accentuée
- brillant plus dur rappelant l'émail
- siccativité plus grande
Les vernis obtenus en partant des huiles primitives (j'en ai fait
l'essai) sont d'une toute autre nature que celle des vernis obtenus
avec les produits "modernes". Voila peut-être tout
simplement l'origine des secrets des Grands Maîtres Primitifs.
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Bibliographie
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