Grotesques
par
Franz Fenris G.
Poterie du Miroir aux Prêles
12 rue du Manoir F-76450 CANOUVILLE
tél. 33 (0)2 35 97 89 16 |
Il est des personnages étranges dont
les membres feuillagés font volutes. D’autres reposent sur
des jambes caprines ou serpentiformes. Leur buste humain
soutient une tête canéphore, souvent jeune. Un oiseau,
parfois en vol, tire sur un ruban duquel pend une somptueuse
guirlande de fruits. Ici une Victoire. Au bout enroulé de
son aile se suspend la quenouille vrillée d’un nuage de
fumée qu’un vase antique laisse échapper. Là un satyre.
Quelques serpents, chiens, chèvres. Plus bas des enfants
joufflus jouent. Ceux-ci ignorent, au dessus d’eux, l’énorme
tête grimaçante qui n’a pour corps que les bouillonnements
d’une barbe furieuse, végétale. Plus loin, un portique aux
colonnes filiformes encadre une scène mythologique. Un petit
dragon, ou un astrolabe, complètent le tableau.
Un monde sans profondeur ni perspective, où, bien souvent,
tout est relié par un fil, un bout de ruban, la crosse d’une
tige végétale.
Tel est l’univers dans lequel nous nous proposons de
plonger, et de montrer qu’en dépit d’une apparente
incohérence, ces décors obéissent à des règles et
appartiennent à l’époque qui les a réinventés.
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Masséot Abaquesne,
gourde à décor de grotesques, faïence,
Musée de la Céramique, Sèvres. |
Vitrail à décor de grotesques, grisaille et jaune d’argent
Musée National de la Renaissance, Château d’Ecouen
© thierry bézécourt |
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Historiquement, ces décors que l’on
nomme « les grotesques » prennent leur origine dans les
fantaisies peintes dont la Rome antique avait couvert les
murs et les plafonds de ses palais. Après plus de mille ans
d’oubli, stimulée par le renouveau des valeurs formelles
classiques qui caractérise la Renaissance, l’Italie du
quinzième siècle retrouve son passé et multiplie les
recherches archéologiques. Ce type de décor nouveau présente
une certaine longévité. Au Moyen Age, il se trouve confondu
dans une mare magnum d’interférences et n’a pas encore pris
son existence propre. Le XVIe siècle constitue
son âge d’or par l’ampleur spectaculaire qu’il prend dans
les décors peints des palais. L’ère baroque en fait la
critique mais lui maintient toute sa vigueur. Il connaît
plus de légèreté à l’époque Rococo qui en fait des «
arabesques » par orientalisation ; et le néoclassicisme en
refait une mode qu’une certaine officialisation finit par
épuiser au XIXe siècle. Nous ne considérons ici
que la période Renaissance. |
1/ Décor antique
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Le vocabulaire qui, pour part,
caractérise les décors de grotesques, existait donc déjà
sous l’antiquité. La décoration romaine du second style
(100-20 av. JC) présentait par exemple déjà des coupes de
fruits, des masques, et des perspectives architecturales
s’ouvrant rythmiquement sur d’autres édifices ou sur des
paysages. Déjà l’on trouvait peintes sur les murs des palais
des créatures hybrides anthropomorphes (sirènes, satyres,
centaures) ou zoomorphes (chevaux ailés, griffons).
L’abondance des hybridations illustrait déjà un imaginaire
de la transformation (Ovide compose ses Métamorphoses avant
l’an 8 ap. JC). Les candélabres remplaçaient peu à peu les
colonnes.
A Herculanum, l’on trouvait des architectures filiformes,
des trompe-l’œil et un aplatissement des volumes dans
lesquels l’audace des inventions s’est accentuée jusqu’à
l’apogée du 4ème style (de 41 à 79 ap. JC). Déjà, ces décors
étaient soumis à la critique. Quoique la morale antique
(Aristote, Empédocle) acceptât la copie de la nature,
Vitruve comme Horace jugeaient les fantaisies des décors des
palais romains comme étant le reflet de la corruption des
princes et voyaient dans ces peintures le résultat des
songes délirants d’hommes malades. Platon condamnait tout
simplement toute représentation.
Constructions symétriques en candélabre où
Victoires affrontées reposent sur des volutes
Maison de Livie sur le Palatin, Rome
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2/ Quattrocento
Luca Signorelli, 1499-1504
registre inférieur des parois de la chapelle San Brizio,
cathédrale d’Orvieto |
Au quinzième siècle, le renouveau de
l’art classique en Italie, qui définit pour part la
Renaissance, s’exerce au départ peu par la peinture, rare,
ou seulement par des descriptions littéraires d’auteurs
anciens. Le répertoire de la sculpture décorative
(essentiellement des bas reliefs) est par contre abondant
(sarcophages, arcs de triomphe, portes et théâtres), et
génère des décors, souvent en grisaille, cantonnés aux
éléments d’encadrement de tableaux et de fresques, avec une
préférence pour les éléments verticaux (piliers, lésènes,
pilastres) que l’on couvre de rinceaux, candélabres,
guirlandes et trophées militaires (Pinturicchio, Mantegna).
L’influence romaine intègre encore une part de fantastique
médiéval, qu’elle mêle aux dauphins, satyres, et harpies
classiques. La naissance du décor de grotesques est par
ailleurs alimentée par la tradition de l’art des marginalia,
lettres et marges ornées des manuscrits médiévaux, où
grouille toute une faune monstrueuse.
Structurellement, la prolifération des
grotesques se réalise sur deux axes : l’axe vertical par les
empilements de la construction en candélabre ; l’axe
horizontal par les volutes et les contre volutes des suites
de rinceaux habités.
Pietro Vannucci dit Pérugin, voûte de
la salle des Audiences
Collegio del Cambio Pérouse, vers 1500
L’engouement pour le décor à l’antique
est lent, progressif, et se trouve alimenté à la fin du
siècle par la découverte fortuite d’un corpus nouveau. Alors
que toute l’Italie, et notamment Rome, est à la recherche de
ses vestiges, un promeneur, vers 1480, est tombé dans un
trou, non loin du Forum. On inspecte la cavité et découvre,
à lueur d’une torche, des peintures. On ignore alors qu’il
s’agit là d’un palais néronien somptueux, la Domus aurea,
dont les salles avaient été comblées, plutôt que détruites,
lors de la construction des thermes par Trajan, au début du
deuxième siècle de notre ère. Un oubli de presque quatorze
siècles et la privation de lumière en ont préservé intacte
la décoration peinte.
Le déblaiement des salles immenses dure environ 25 ans et, à
mesure que progresse l’excavation, laissant voir d’abord les
voûtes, puis les parois, les artistes du temps contemplent,
fascinés, et dessinent à la lumière des torches, ces décors
dont la légèreté et la fantaisie répond bien au goût du
moment.
Qu’y voient-ils ? Des agencements de paons, d’hippocampes,
de griffons et autres êtres hybrides, de frises de rinceaux,
fins candélabres, tableautins et scènes mythologiques, de
caissons et différents cadres. Des enchaînements disparates
qu’ils pensent être des hiéroglyphes et tentent
d’interpréter. Mais surtout, une spontanéité du geste peint,
une légèreté du détail, un usage nouveau du fond de couleur.
Il ne s’agit pour eux alors que de grottes, lugubres et
étranges, dans lesquelles ils viennent pique-niquer de vin
et de pommes, et ils nomment eux mêmes « grottesques » les
compositions qu’ils en tirent au service de la décoration
des palais que les puissants leur commandent.
Ces artistes sont Pérugin,
Pinturicchio, Luca Signorelli, Sodoma, Filippino Lippi, qui,
peu à peu, font sortir les éléments antiques des bandes
d’encadrement pour constituer des décors pour des surfaces
plus vastes comme les pendentifs et voûtains, sur fonds or,
rouges, bleus ou noirs. |
3/ Affirmation d'un nouveau style
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Si cette découverte archéologique
majeure influence graduellement les productions peintes de la fin du
quattrocento, un tournant stylistique flagrant semble s’opérer autour de
l’atelier de Raphaël. Après leur exil en Avignon, le retour des papes
dans la ville éternelle au XVe siècle fait de Rome, alors
dénuée des fastes que sa position de première ville de la Chrétienté
réclame, le terrain de toutes les commandes. Afin d’élever Rome au rang
qu’elle mérite, le pape s’entoure des meilleurs artistes, dont Raphaël.
L’acceptation des nouveaux décors « à l’antique » par les commanditaires
contribue certainement à la consécration officielle des grotesques. Or,
l’enthousiasme des artistes travaillant au Vatican auprès de Raphaël
(notamment Giulio Romano, Giovanni da Udine, puis Perino del Vaga)
conduit à la création de décors pour le Cardinal Bibbiena, ou pour les
loges du Vatican totalement inspirés par la nouvelle découverte
archéologique.
Raphaël et son atelier, détail d’un pilastre
les Loges, Palais du Vatican, 1517-19
Dans la Loggetta du Cardinal Bibbiena, Giovanni da
Udine ajoute au répertoire néronien des notations naturalistes (chèvres,
poissons, oiseaux…). Avec les Loges du Vatican, la circonscription des
décors par des cadres permet leur contrôle, s’oppose à l’anarchie que
leur fantaisie ferait craindre et donc les rend compatibles avec les
préceptes religieux, quoique l’Eglise en ait toujours critiqué
l’étrangeté. L’imaginaire de la Renaissance obéit aux règles précises
d’une logique apparente (rythmes de cadres) et n’utilise qu’une petite
partie de tout le merveilleux médiéval des marginalia des manuscrits et
des décors de cathédrales. On passe du monstrueux menaçant à l’hybride
quasiment familier.
Avec Raphaël, les dissonances sont harmonisées, les excès tempérés, et
commence une diffusion à grande échelle. L’usage des grotesques chez soi
devient signe de distinction et de culture. Le XVIe siècle
devient le siècle des grotesques par antonomase. Le sac de Rome en 1527
par les troupes de Charles Quint disperse les artistes et contribue à
répandre les nouveaux décors. Giulio Romano à Mantoue, Perino del Vaga à
Gènes, multiplient les inventions. Encore à Rome, ils dessinent déjà
tous deux à l’attention de tous les artisans des arts décoratifs. Il
faut alors souligner le rôle de diffusion des graveurs (Marcantonio
Raimondi travaille aussi auprès de Raphaël entre 1510 et 1520), et
notamment les graveurs des années 30 (Agostino Musi dit Veneziano et
Enea Vico). Des murs des palais, les grotesques envahissent tapisserie,
céramique, arts du métal, et tous les objets présentant une surface à
décorer.
Agostino Musi dit Veneziano, vers 1520
gravure tirée d’un recueil de grotesques
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4/ Maturation
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voir également :
palazzo Vecchio
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La seconde moitié du cinquecento est le lieu de la
production de décors extrêmement aboutis ayant contribué à la création
d’un style fort que les réflexions morales, comme nous le verrons plus
loin, sont venues toujours étayer ou discuter. Ici et là, l’usage
systématique des grotesques sur fond blanc recule parfois pour l’usage,
dans les salles de représentation, de la polychromie, du stuc, ou de
scènes narratives, que celles-ci soient allégoriques, historiques ou
mythologiques, voire même de paysages. Elles prennent alors toute leur
importance dans les vestibules appelés « atriums », dans les cabinets de
travail, sur les corniches, où s’épanouissent virtuosité, rapidité
d’exécution et inventions architecturales de plus en plus délirantes.
Alternance des fonds blancs et rouge foncé, avec
insertion de scènes narratives
une voûte du Palazzo della Corgna, Castiglione del lago |
5/ Codification
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Villa Médicis,
voir l’image n°3 : studiolo du cardinal Ferdinand de Médicis décoré par
Jacopo Zucchi de fresques représentant des allégories des saisons et
plusieurs fables d'Ésope |
S’il est impossible d’interpréter à la lettre les
compositions de grotesques comme des hiéroglyphes ou des rébus, l’âge
d’or qu’elles connaissent à la Renaissance s’accompagne d’un désir de
sémantisation et de rapprochement avec d’autres langages symboliques.
On y mêle volontiers des signes connus dans un but
panégyrique et allégorique : emblèmes familiaux ou héraldiques comme les
boules des Médicis ou la tiare et les clés papales ; références
métaphoriques comme une flèche atteignant sa cible ou le lys de la
Vérité pour illustrer les qualités personnelles d’un commanditaire ;
caractères hiéroglyphiques et références à l’alchimie, comme au plafond
de la bibliothèque de l’abbaye de San Giovanni Evangelista de Parme,
dans un essai de représentation symbolique de l’ensemble des
connaissances du moment ; enfin utilisation des fables d’Esope qui
permettent d’insérer un sous-contenu moralisant au sein de l’apparente
désorganisation du vocabulaire néronien, comme pour en racheter
l’emploi.
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Villa Caprarola,
Viterbe Sale di Giove vers 1575
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La quête de sens prend aussi d’autres visages.
Ainsi la réunion de divers objets autour d’un même thème qu’incite la
mode du collectionnisme attachée à celle des Wunderkammern (comme
aux plafonds peints des corridors de la galerie des Offices), cultive
les détails naturalistes, et accumule objets domestiques et
archéologiques.
Des éléments du décor font parfois référence au contenu (Offices) ou à
l’usage des pièces (Villa Caprarola).
Et si le mot « grotesque », comme adjectif, ne prend son sens péjoratif
de ridicule, outré, qu’au XVIIe siècle, le grotesque y est
rare, quoiqu’on admette le cocasse, s’il est au service de la
truculence. On a par contre souvent établi un lien entre les grotesques
et la littérature burlesque de l’époque, notamment avec le genre
poétique macaronique.
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Torrechiara
salon des Acrobates par Cesare Baglione, 1580-84, Castello Sforza di
Santa Fiora
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Nous avons mentionné plus haut la réserve que
l’Eglise manifestait envers les grotesques. On les lie d’abord au côté
caverneux et lugubre de ce que l’on croyait encore être des grottes lors
des fouilles de la Domus aurea. On leur attribue ensuite la
mauvaise réputation attachée aux extravagances décadentes de Néron.
A la suite des moralisateurs antiques, l’imagination débridée dont elles
témoignent est perçue par la critique post-tridentine comme improbable,
mensongère, donc fausse et immorale, sans compter leur paganisme
évident. Il a fallu les talents d’un Antonio Francesco Doni pour les
défendre en soutenant qu’elles ne sont qu’à la limite du réel, comme des
formes bizarres de la nature, exceptionnelles mais possibles. La
codification morale se fait alibi. On invente des règles d’association
morphologique pour la construction des hybrides. Ces règles, exprimées
par Francisco de Hollanda (1540), puis reprises par Paolo Lomazzo
(1584), expliquent qu’une certaine vraisemblance s’impose et l’on bannit
le monstrueux hors nature et le démoniaque. L’on avance encore que les
grotesques répondent au principe même du maniérisme, par lequel l’art
n’est pas uniquement imitation mais artifice, donc licence, que
l’intellect doit corriger en une création raffinée et sage, à mi-chemin
entre réel et imaginaire. Pirro Ligorio (1570) discute de l’utilité et
du danger d’apporter sens à un décor. Le siècle joue ainsi de constants
allers et retours entre les interdits des tenants rigides de la
Contre-réforme et la liberté des peintres dont la fantaisie s’accroît
dès lors que la possibilité leur est offerte.
Il faut enfin dire un mot des règles de
construction du décor de grotesques mises au jour par Philippe Morel
(1998), et qu’il nomme les « figures du paradoxe ». L’auteur souligne,
en plus de l’utilisation aberrante des lois de la pesanteur et de
l’équilibre, une certaine accentuation de contrastes dynamiques :
rapports de forces disproportionnés, tiraillements de forces contraires.
Il décrit encore des relations dynamiques entre des êtres pétrifiés et
des statues vivantes, notamment à Torrechiara. |
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Décor dans la cuisine du palazzo Vitelli à
Sant’Egidio
Città des Castello, Pérouse, par Giovanni Antonio Paganino. |
6 / Mutations
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L’Italie n’est bien sûr pas le seul théâtre de ces
inventions. Un va et vient incessant entre nord et sud s’opère. France,
Allemagne et Pays-Bas participent au jeu. L’Italie influence les pays du
nord et ceux-ci, en retour, après avoir donné au nouveau style son
expression locale, enrichissent les compositions italiennes. En France,
Rosso Fiorentino et Francesco Primaticcio traduisent à Fontainebleau le
nouveau style en trois dimensions en accordant une place majeure au jeu
de bandes ajourées et parfois enroulées que l’on nommera « cuirs
découpés ». Cette production locale originale ré-influencera le sud,
dont elle a conservé tout le vocabulaire des ignudi, putti, faunes,
mascarons, vases, termes, canéphores et encarpes. Jacques Androuet du
Cerceau commet deux recueils de grotesques (en 1550 et 1562) et diffuse
le genre italien. René Boyvin et Léonard Thiry apportent un accent
angulaire très français. Etienne Delaune grave pour les arts du métal.
A Nuremberg, Peter Flötner, entre autres, apporte
une note plus nordique. Les pays germaniques associent rapidement les
grotesques aux mauresques. En Flandres l’on réalise les tapisseries
d’après les dessins de Raphaël ou de Perino del Vaga. En Hollande,
Cornelis Floris réalise une fusion synthétique entre les cuirs découpés
de Fontainebleau et les édicules et prosceniums des architectures
néroniennes. Cornelis Bos, crée des triomphes dans un esprit
carnavalesque, dans lesquels les cuirs se transforment en lames de métal
d’allure molle… on est alors très loin de Raphaël. Les Pays-Bas sont
aussi le lieu d’une expression unique qui donne aux grotesques un visage
d’une inquiétante organicité.
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Cornelis Bos, vers 1550
Triomphe, détail de gravure |
Jacques Floris, Pays-Bas
détail de gravure, XVIe siècle. |
7 / Quelques livres et articles
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Les Grotesques
d’Alessandra Zamperini
Editions Citadelles et Mazenod, 2007, 306 pages
Vasari définit les grotesques comme un genre de peintures libres et
cocasses, inventé dans l'Antiquité pour orner les surfaces murales. Il a
pour principaux motifs des rinceaux végétaux, des candélabres, des
figure humaines, mythologiques, animales ou hybrides - insolites ou
fantastiques - disposés sans aucune logique apparente, narrative ou
spatiale. Après la découverte de la Domus Aurea, en 1480, les grotesques
connurent un extraordinaire succès, consacré par leur emploi dans les
Loges du Vatican, décorées vers 1518 par Raphaël et son atelier. Elles
devinrent une composante essentielle de la décoration des monuments
profanes et religieux, envahissant, par exemple, le palazzo Grassi et le
musée Correr à Venise, la Farnésine à Rome, le palais Caprarola, le
palais Giulio Gonzaga à Mantoue, les Offices à Florence, le monastère de
Monte Oliveto Maggiore près de Sienne, etc. La France fut l'un des pays
les plus sensibles à l'influence des grotesques. François Ier, entre
autres, fit décorer sa galerie à Fontainebleau en 1531. Pour la première
lois, un ouvrage richement illustré donne un aperçu de toutes les
tendances de ce genre pictural original.
Les Grotesques, les figures de l’imaginaire dans la peinture italienne
de la fin de la Renaissance
de Philippe Morel
Editions Flammarion, collection Champs, 2001, 187 pages
Le mot grotesque devient au XVIIe siècle un qualificatif
essentiellement négatif, synonyme de bizarre, de ridicule ou
d'extravagant. Mais il fut d'abord employé dès le début du siècle
précédent pour désigner des peintures murales largement inspirées des
fresques et des reliefs antiques, auxquels s'ajoutaient parfois des
réminiscences des marginalia gothiques. Ce genre décoratif connut un
immense succès tout au long du XVIe siècle, d'abord en
Italie, puis un peu partout en Europe, en s'étendant à la sculpture, à
la gravure et à bien d'autres techniques.
Partant de motifs et de schémas essentiellement antiquisants, le langage
des grotesques s'est progressivement détaché de cette réf��������rence
figurative en s'inspirant de diverses matrices culturelles
contemporaines. C'est donc l'analyse de ces voisinages déterminants et
de ces relations constitutives qui permet de rendre compte du
fonctionnement multiple de ce langage apparemment incohérent, et d'en
dégager la spécificité historique et la densité culturelle : le rapport
à la tradition hiéroglyphique, au collectionnisme éclectique et à
l'esthétique de l'abondance, la littérature burlesque, la logique
épistémique des hybrides ou la construction rhétorique et paradoxale des
compositions apportent autant d'éclairages décisifs sur les nombreux
décors pris en considération. (...)
L’Ecole de Fontainebleau
de Jean-Jacques Lévêque
Editions Ides et Calendes, 2000, 280 pages
L’art décoratif en Europe, Renaissance et Maniérisme
sous la direction d’Alain Gruber
Editions Citadelles et Mazenod, 1993
Notamment les chapitres suivants :
Rinceaux, par Michèle Bimbenet-Privat, Grottesques par Alain Gruber, et
Cuirs par Margherita Azzi-Visentini
Mythe et Crise de la Renaissance
d’André Chastel
Editions Skira, 1989
les articles de revues :
La Renaissance Fantaisiste
d’André Chastel
in L’œil, N° 21, septembre 1956
Céramique, « Le décor à grotesques, fresques de
l’imaginaire »
de Jean-Gabriel Peyre
in L’Objet d’Art L’Estampille, N° 383, septembre 2003
les articles sur le web :
Un article sur les grotesques dans la
tribune de l'art
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8 / Liste imparfaite des visites
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en France :
Chareil Cintrat
Les abondants décors peints inspirés de l'Antiquité évoquent les cinq
sens, la mythologie et l'astrologie
Château de Bussy-Rabutin
Les galeries de la cour d'honneur construites autour de 1520 comportent
un décor typique de la première Renaissance française
Château d'Ancy le
Franc
(voir) la chambre de Diane, au rez-de-chaussée du château, a été
entièrement décorée au XVIe siècle pour la célèbre belle-sœur
du commanditaire du château, Diane de Poitiers.
Château de Fontainebleau
Château
d’Ecouen
musée de la Renaissance
Château de
Cormatin
Château de Fléchères
à Fareins
Château d’Oiron
en Italie :
Villa d’Este, Tivoli, Italie
Château Rossi, San Secondo, Italie
Château della Rocca, Soragna, Italie
Palazzo del Giardino, Sabbioneta, Italie |
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