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C'est en Chine que l'on trouve les
premières utilisations de la laque, près de 1000 ans avant J-C. La
présence de la laque est attestée ensuite
au Japon vers le VIe siècle.
La
laque est une résine extraite d'un arbre appelé "l'arbre à
laque" (il en existe plusieurs variétés). Elle est appliquée
en
plusieurs couches, parfois plusieurs dizaines, sur des fonds généralement
apprêtés.
Sa beauté vient de son effet de profondeur
dû à une légère translucidité. Dans le cas par exemple d'une laque noire
avec des transparences rouge profond, l'effet provient d'apprêts d'oxyde jaune
visibles à travers les couches de laque qui ne sont pas à
proprement parler noires mais plutôt brunes - rouges translucides.
Deux petites boites de fabrication chinoise milieu et fin XIX :
boite chinoise XIXe siècle
boite XIXème
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L'aspect lisse et agréable au toucher est obtenu grâce à de multiples
ponçages qui se font à l'eau . On peut
encore aujourd'hui visiter des ateliers au Vietnam où l'on voit comment
s'opérait le ponçage : au milieu de l'atelier se trouve une sorte de bassin.
Les ouvriers sont assis sur de petits tabourets, les pieds dans l'eau, et
poncent les objets. Des pierres lisses étaient autrefois utilisées pour le
ponçage.
rouleau-médaillon (vers
1930 ?) appelé "boîte à rouleaux "ou aussi "boite à
gants".
Cet exemplaire est étonnement bien conservé.
La "vraie" laque dite aussi
"laque végétale" est peu ou pas utilisée en Europe, que ce soit en
restauration ou en création. On utilise à sa place des vernis gras (phormophénolique).
La laque végétale cause des allergies. Il faut donc porter des gants et
un masque lors de son application.
Plus anciennement on utilisait les
fameux vernis Martin.
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Il y eut au XVIIIe siècle de
nombreuses importations de laques japonaises ou chinoises. On récupérait
les panneaux pour les encastrer dans les créations de l'époque, commodes,
bureaux etc. La laque fut tellement appréciée que l'on
chercha vite un moyen d'imiter cette matière d'où l'invention du vernis
Martin.
Bien que cette technique ne soit à l'origine qu'une imitation de
la laque, les meubles en vernis Martin de cette époque sont aujourd'hui très recherchés et ont souvent une très grande
valeur !
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Il existe une
multitude de techniques et même d'écoles tant en Chine qu'au Japon. Les
différences entre ateliers portent sur les sujets aussi bien que sur les techniques
employées. La laque peut être
gravée, décorée à l'or ou à l'argent ou incrustée de toutes sortes de
matières.
Le matériau le plus utilisé est la
feuille d'or jaune, mais l'on trouve aussi l'or vert, rouge, blanc que ce
soit en feuille ou en poudre. On trouve aussi des poudres de bronze et l'aventurine (paillettes en bronze ou en micas que l'on disperse en nuage sur
la laque). Ce dernier procédé est très utilisé pour les intérieurs de
boîtes ou de tiroir
ou lors de la fabrication des encadrements.
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Pigments : l'encre de Chine
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La plupart des sujets faits en plein à
la feuille d'or sont détaillés à l'encre de Chine ; ainsi dans un visage
les cheveux, les yeux, la bouche, le nez sont-ils soulignés au pinceau. A ce sujet il est intéressant de noter que souvent lorsque
l'on regarde une laque ancienne, on voit un décor assez usé où l'assiette transparaît ;
tous les détails semblent avoir
été peints à l'or... en fait à l'origine ces détails ont été
réalisés à l'encre de Chine et l'or, à ces endroits, a simplement été protégé de l'usure ! L'effet
en est souvent splendide, quoiqu'à l'origine l'œuvre ait été toute
différente. Dans le même ordre d'idée les couleurs ont souvent pris une
patine importante et étaient bien plus vives à la création de l'objet.
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Très souvent les décors sont faits
en volume au moyen de l'accumulation de plusieurs couches successives
finalement dorées.
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nacre (on choisit souvent une nacre
dont une couleur dominante de l'irisation prédomine pour qu'elle aille
parfaitement avec le sujet)
ivoire (parfois d'origine marine)
pierres dures
ambre gris
coquille d'œuf, etc.
Nacre et ivoire
Une boîte japonaise avec des incrustations de nacre et d'ivoire. |
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Il existe bien des sortes de gravures sur
laque, mais la plus importante (du moins par le nombre) que l'on peut trouver en
Europe est celle que l'on désigne sous l'appellation de "Coromandel" ou
"laque de Coromandel". Ce nom vient en fait des bateaux de la Compagnie des Indes dont
les comptoirs étaient à Coromandel (je ne sais s'ils faisaient escale à
Coromandel en venant de Chine ou s'ils stockaient les laques dans ces
entrepôts, ou si les Chinois livraient directement dans ces entrepôts).
Ces laques sont pour la plupart des
paravents. La couleur de la laque va du brun jusqu'à un brun-rouge-noir.
Elle est appliquée sur des apprêts blancs assez épais (5 mm
environ). La laque est gravée avec des fers à reparure de différentes largeurs, de
grandes surfaces sont mêmes dégagées, on colore enfin avec des pigments
les blancs des panneaux.
Coromandel
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La laque est un matériau
assez fragile
Elle craint :
Cette boîte d'une trentaine de cm de diamètre est japonaise. Son décor
représente Daruma (Déformation de Dharma) créateur du zen. Aujourd'hui encore en fin d'année
on s'offre des darumas sous toutes formes d'objets au Japon. Détail amusant, ces Darumas sont vendus "aveugles", ils servent de
porte-bonheur et leur possesseur peint l'œil en doré une fois qu'il a réalisé un souhait.
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Voici un coffret japonais fin XIX ou début XXème d'une quarantaine de
cm.
De tels coffrets étaient destinés à l'exportation. Ils sont appelés
souvent "boîtes à couture". J'avais trouvé celui-ci dans une brocante
et il était très abîmé.
Cette
première photographie le montre dans son premier état après nettoyage
(de la poudre de bronze avait été maladroitement collée afin de pallier
aux
manques de dorure).
Une grande partie des volumes
avait disparue. On voit ici la restauration des volumes par application de plusieurs couches de colle de peau (colle de peau et blanc de Meudon)
au pinceau.
Voici le coffret après dorure à la feuille
d'or, usures, patines etc.
Pour finir plusieurs couches de vernis au tampon ont été appliquées.
Détail du motif restauré.
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Liens et livres
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Si vous aimez la laque, ces liens vous seront utiles :
Musée
Guimet
(Pour voir des laques faire une recherche avec le mot
"laque")
Kyoto National
Museum
Tokio
National Museum
A noter que pour faire des recherches sur des sites anglophones il faut
utiliser les mots "lacque" ou "lacquerware"
(voir vocabulaire)
Contact restaurateur : Alain Blaisot
Les laques
de Fabienne Gambrelle, Editions Solar, 2006, 119 pages
Les laques et la céramique du Japon
Anonymous, Editions Nabu Press, 2010, 120 pages
Imitation laque : découpage, collage, vernissage
de Moser, Editions Fleurus, 1998, 124 pages
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Lettre d'un internaute :(Laurent
Nespoulous, archéologue)
"(...) Concernant votre rapide historique de la laque, sachez
que l'archéologie a permis de mettre en évidence que la laque
était produite dans l'archipel japonais au moins 3000 ans avant
notre ère (probablement avant, mais difficile de dater). Elle été
appliquée sur la vannerie, les arcs, certains objets en matière
osseuse, ainsi que sur la poterie. Cette laque était de couleur
rouge ou noire.
Voilà, juste pour préciser que l'histoire de la laque est plus
longue que ce que l'on croit.
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