1/ le support
Il est
constitué en majorité de panneaux de bois de très faibles
épaisseurs autour de 2 millimètres. Plusieurs hypothèses
peuvent expliquer cette minceur : le panneau s’incurve plus
facilement et s’adapte alors à la forme du haut du corps
lorsqu’il est placé sur la momie. La deuxième hypothèse est
la rareté du bois en Egypte et donc son prix élevé. Parmi
les bois, le figuier sycomore est le plus largement employé,
c’est aussi le plus répandu dans cette région du Fayoum. Le
cyprès, le cèdre, le pin ou le tilleul sont plus rarement
utilisés. Le format moyen des panneaux présente une hauteur
de 35 centimètres pour une largeur de 18 centimètres.
Le deuxième
support, moins représenté dans ces portraits du Fayoum, est
la toile de lin taillée pour le portrait ou pour le linceul.
C’est également la matière des bandelettes de la momie.
Ce portrait d’homme semble avoir été commandé du vivant du modèle du
fait de sa pose : une tête tournée et une torsion du cou
comme prises sur le vif. La convention picturale incitait au
rendu d’une peau tannée pour les hommes. Encaustique sur
panneau sans traces de couches d’apprêtage, vers 161-192
après J.-C., Musée Egyptien du Caire.
2/ les couleurs et la dorure
L’analyse des
portraits révèle un usage restreint de couleurs
à partir
desquelles les carnations des visages prennent toutes leurs
nuances : le blanc, l’ocre jaune, la terre rouge et le noir.
A cette palette limitée s’ajoutent parfois le bleu, le vert
et le pourpre dans les vêtements, les couronnes ou les
bijoux.
L’or en feuille est souvent ajouté postérieurement à
la peinture par les embaumeurs égyptiens lors de son
installation sur la momie. Nouvelle alliance de deux
traditions :
la peinture grecque et l’or des embaumeurs.
Exemple de
pose de feuille d’or sur le visage, la couronne et les
vêtements. Le visage est traité pâle, le regard droit.
On
devine la couche foncée du dessous au bas du panneau.
Encaustique sur panneau avec feuille d’or,
vers 25-37 après
J.-C., Cleveland Museum of Art.
3/ les médiums
Deux
techniques ont été mises à jour :
l’encaustique et la
détrempe.
La peinture à
l’encaustique est à son apogée à l’époque classique grecque.
Ce mot a pour origine enkaïein qui signifie brûler.
Deux procédés sont utilisés dans les portraits du Fayoum :
-
la cire appliquée chaude avec adjonction de résine,
fondue et mélangée aux pigments,
-
la cire froide émulsionnée, mélangée avec des
pigments, de l’œuf, de l’huile ; ce procédé de
saponification permet l'application encore tiède voire refroidie.
La peinture à
la détrempe a pour base un médium à l’eau qui donne une
peinture plus lisse, traitée dans les portraits du Fayoum
par petites touches entrecroisées. Les agglutinants peuvent
être variés : colle de peau, gomme arabique, résine mastic
de Chios, blanc ou jaune d’œuf.
La momie de cette femme porte l’inscription
« Dèmos, âgée de
24 ans, souvenir éternel ».
La cire a été appliquée en fine
pellicule, l’outil dur d’estompage a laissé de très
subtiles traces mêlant toutes les couleurs de la peau.
Encaustique sur panneau, vers 75-100 après J.-C.,
Musée
Egyptien du Caire.
4/ les étapes de mise en œuvre
Généraliser la mise en œuvre des portraits du Fayoum
nous conduirait à
décliner les étapes suivantes :
-
un apprêtage du support, généralement une (ou
plusieurs) couche de colle de peau teintée avec des pigments
allant du kaki au brun foncé. Une des règles des portraits
peints du Fayoum est de travailler du plus foncé au plus
clair.
-
une esquisse rapide du portrait à la détrempe.
-
pose des différents fonds, des vêtements, de la
chevelure avec de la cire chaude au pinceau large.
-
peinture des traits du visage en épaisseur ; après
refroidissement de la cire, travail d’estompe avec des
outils durs. Ces outils durs permettent de créer aussi des
lignes, des « blessures » qui produisent une surface
vigoureuse.
Dans le cas des peintures à la
détrempe, les fonds sont préparés d’une (ou plusieurs)
couche d’enduit, mélange de colle de peau et gypse. Ce type
d’enduit n’est jamais posé en apprêtage de la peinture à
l’encaustique car la cire n’adhère pas sur le plâtre.
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