Un coffre à pentures du Moyen Age

catherine auguste
par Catherine Auguste
ancienne élève
des Beaux-Arts de Paris
designe et décore des cabinets de curiosités

le coffre à pentures du musée des arts décoratifs de paris
 

Le coffre à pentures est présenté dans la galerie des retables du Musée des arts Décoratifs de Paris

Origine France
XIVe siècle
Chêne et fer forgé,
Assemblage à plat joint, et à tenons et mortaises
Hauteur 89 cm ; Largeur 165 cm ; Profondeur 79 cm

 

Description du coffre

 

Ce coffre à pentures est un des rares exemples de mobilier datant du Moyen Age parvenu jusqu’à nous. Beaucoup de meubles médiévaux ont, en effet, été brûlés, démantelés ou, tout simplement, ont disparu du fait d’une mauvaise conservation. Celui-ci fait donc partie des trois meubles les plus anciens des collections publiques françaises avec l’armoire abbatiale d’Aubazine et l’autre coffre à pentures assez similaire du musée Carnavalet.

Les pentures en fer forgé

Le coffre est décoré d’un exceptionnel réseau de pentures en spirale. Celles-ci bien que décoratives à première vue, tiennent en fait un tout autre premier rôle : celui de la consolidation. Ces pentures en fer forgé, fixées par des pointes forgées, se déroulent en volutes et s’organisent sur cinq rangées sur les trois faces du meuble. Sur le centre du coffre, les volutes d’élancent verticalement, puis de ce centre elles partent à l’horizontale jusqu’aux panneaux latéraux.

coffre à pentures du Moyen Age
Ici, on distingue nettement le rôle fonctionnel de maintien
des spirales de fer forgé ainsi que l'assemblage des planches de bois.

Ce motif de tiges stylisées enroulées qui se terminent en bourgeon ou petites feuilles légèrement aplaties, est assez caractéristique de l’époque romane. On les retrouve souvent sur les grandes portes d’églises. Le coffre à pentures du musée Carnavalet présente seulement deux rangées de spirales à enroulements multiples.

On distingue nettement au centre de la face l’emplacement d’une serrure, aujourd’hui disparue ; ceci montre que ce coffre était destiné à enfermer des effets ou des objets précieux.

L’assemblage

Les premiers coffres étaient souvent de simples parallélépipèdes, celui-ci est sur pieds, des pieds qui sont dans le prolongement des ais de bois. Cette construction permet d’isoler le meuble de l’humidité du sol ainsi que son contenu.
L’assemblage des planches de chêne massif d’une épaisseur de 6 cm environ est à plats joints et tourillons ; l’ensemble est renforcé par les pentures en fer forgé. Ce type d’assemblage est caractéristique de la période romane et début du gothique.

assemblage à tenon et mortaise
La technique d'assemblage à tenon et mortaise

Le fond est bâti en assemblage  à tenons et mortaises. Cette technique d’assemblage qui remonte à l’Antiquité est assez populaire au XIVe siècle et offre une bonne résistance de l’ouvrage. L’armoire d’Aubazine est assemblée en partie avec cette technique.

 

Le coffre et les autres meubles au Moyen Age

 

Au Moyen Age, les artisans sont regroupés en corporations. Les charpentiers de petite cognée construisent les meubles, les charpentiers font les maisons en colombage et les charpentes. L’appellation « ébéniste » n’apparaîtra qu’à la Renaissance avec les premiers cabinets d’ébène. Les meubles sont peu nombreux au Moyen Age, d’une part parce qu’ils sont coûteux, et d’autre part parce qu’on est amené à se déplacer parfois en urgence. La base du mobilier était donc composée d’un lit, d’un coffre, d’une table à tréteaux (ce qui la rendait escamotable), de bancs et de scabelle (siège en bois).

Le coffre est sans doute le meuble le plus ancien ; il servait aux rangements de lits pliants, de tentures, de tapisseries ou d’objets, parfois le plateau faisait office de table, ou bien de siège ou même de lit. La présence des poignées sur certains d’entre eux signifiait qu’on les déplaçait fréquemment.

le coffre à pentures du musée Carnavalet
Le coffre à pentures du musée Carnavalet est à deux rangées de volutes en fer forgé.

L’une des toutes premières formes de coffre était réalisée à partir d’un tronc d’arbre évidé, renforcé parfois par des bandes de fer afin d’éviter le fendillement du bois ; puis ce fut le coffre constitué de larges planches de chêne consolidées par des pentures servant en même temps de décor. Peu de coffres étaient décorés, la plupart d’entre eux étaient seulement recouverts de tissus.

Le bois le plus employé au Moyen Age est le chêne et ce n’est qu’à la Renaissance que les « ébénistes » utiliseront le noyer pour la fabrication de mobilier.

 

Livres sur le mobilier du Moyen Age

 


Le Mobilier du Moyen-Age et de la Renaissance en France
Jacques Thirion, Editions Faton, 1999, 278 pages


Le Mobilier français, Moyen Age et Renaissance
Monique Blanc, Editions Massin, 2000, 91 pages


Dictionnaire des Mobiliers et des Objets d'art : Du Moyen Age au XXIe siècle
Anne et Aurélia Lovreglio, Editions Le Robert, 2006, 463 pages

 

Lien à consulter

 

Pour aller sur le site du Musée des Arts décoratifs de Paris

Pour en savoir plus sur les pentures et la serrurerie d’assemblage, consultez :
Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, Tome 8, Serrurerie

 

   

 

 


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