Daniel Hopfer, graveur
par
Catherine AUGUSTE
ancienne élève des Beaux-Arts de Paris
désigne et décore des cabinets de curiosités |
Détail des panneaux d’ornements
du Fine Arts Museum of San Francisco
Traduction de la page http://en.wikipedia.org/wiki/Daniel_Hopfer
Daniel Hopfer (vers 1470 à Kaufbeuren – 1536 à
Augsburg), artiste allemand que l’on considère être le premier à
avoir utilisé la gravure à l’eau-forte dans l’imprimerie à la fin du
XVe siècle. Il a également pratiqué la gravure sur bois.
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1/ Sa vie
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Fils de Bartholomäus Hopfer, peintre, et de
Anna Sendlerin. Daniel s’installe à Augsburg et obtient en 1493 le
droit de citoyenneté.
En 1497, il se marie à Justina Grimm, soeur de
l’éditeur Sigismund Grimm. Le couple aura trois fils, Jörg,
Hieronymus et Lambert ; les deux derniers suivront la carrière de
graveurs de leur père. Les deux fils de Jörg, Georg et Daniel seront
également des graveurs renommés et patronnés par l’Empereur
Maximilien II ; Georg sera même anobli par Rodolphe II, le
successeur de Maximilien II.
Daniel est connu comme graveur sur armure. Deux
œuvres de lui sont aujourd’hui certifiées : un bouclier de 1536 (à
l’Armurerie royale du Palais Royal de Madrid) et une épée (au Musée
National Germanique de Nuremberg). Une armure de cavalier présentée
au Musée d’Histoire de Berlin et datée de 1512-1515, est décorée de
motifs de gravures de Daniel Hopfer mais il n’est pas évident qu’il
en fût l’auteur.
La gravure à l’eau-forte sur métal est
pratiquée en Europe dès le début du XVe siècle, mais le décor
élaboré sur armures est un art probablement importé d’Italie que
vers la fin du XVe siècle, un peu avant l’usage de cette technique
particulière comme technique de gravure en imprimerie. Bien que les
premières gravures à l’eau-forte datées et encore existantes soient
trois planches de Albrecht Dürer en 1515, et en dépit du fait que le
travail de Daniel Hopfer ne soit pas daté, l’évidence stylistique
laisse suggérer qu’il a utilisé cette technique au tout début des
années 1500.
Son activité prospère et vers 1505, Daniel
Hopfer achète une maison en centre ville. Il siège au comité de la
guilde des forgerons d’Augsburg qui à cette époque incluait les
peintres et les graveurs, sans doute parce que ces métiers n’étaient
pas représentés que dans cette ville ; Augsburg était en effet l’une
des principales places de manufactures d’armes et d’armures dans
toute l’Europe.
Daniel Hopfer meurt en 1536 à Augsburg. Son
travail a été largement reconnu pendant sa vie et en 1590 il fut
désigné, à titre posthume, comme l’inventeur de la gravure à
l’eau-forte dans les lettres de noblesse impériales accordées à son
petit-fils Georg.
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2/ Son oeuvre
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Les premières gravures à l’eau-forte de Hopfer
étaient un dessin au trait, mais lui et ses fils développèrent
rapidement des techniques plus sophistiquées, que les historiens
d’armures reconnaissent comme le style Hopfer. Appliqué à
l’impression, cela produit des motifs silhouettés sur fond noir,
sans doute possible par plusieurs passages des plaques. Ce procédé
technique semble avoir été à la fois délicat et laborieux, et aucun
autre artiste ne semble avoir utilisé cette méthode. Les plaques
étaient en fer plutôt qu’en cuivre, ces dernières ne furent
introduites que beaucoup plus tard par les Italiens.
Daniel Hopfer, Cinq Landsknechte, gravure vers
1530
Aucun des Hopfer n’avait suivi de formation
artistique : leurs dessins montrent une certaine naïveté qui n’a
jamais gagné de disciples artistiques. Mais c’est l’extraordinaire
diversité de leur travail qui est étonnante et unique : gravures
religieuses, motifs d’orfèvrerie, sujets profanes comme les figures
paysannes ou militaires (surtout des Landsknechts, mercenaires de la
Renaissance en Europe qui portent souvent une grande lance),
portraits de notables, thèmes de la mythologie ou du folklore. Ces
productions des Hopfer étaient créées à l’intention d’une clientèle
aussi large que les artisans du métal qui appliquaient les motifs
sur leurs propres créations. Toutefois les Hopfer n’hésitèrent pas à
plagier leurs contemporains : sur les 230 plaques connues, 14 sont
des copies d’autres maîtres, essentiellement Mantegna, tandis que
seule une minorité des plaques de Hieronymus sont des œuvres
originales – pas moins de 21 d’entre elles sont des copies de Dürer
et une trentaine reprennent le travail de Jacopo de' Barbari,
Raimondi and Altdorfer entre autres.
Daniel Hopfer, Rinceau à grotesque avec cheval
de mer.
En haut au milieu, numérotation de Funck, « 151 »,
Collection privée
Un siècle plus tard, une relation lointaine des
Hopfer, David Funck (1642-1705), libraire à Nuremberg, achète les
230 plaques de métal gravé de Hopfer, pour les réimprimer sous le
titre Operae Hopferianae, il y ajoute au bas un nombre grossièrement
gravé, connu comme le nombre de Funck, cela créant un deuxième état
des plaques jusqu’ici non retouchées.
Une seconde impression de 92 plaques fut
réalisée en 1802 par l’éditeur C.W. Silberberg de Franckfurt sous le
titre Opera Hopferiana. La qualité de l’impression est due au soin
avec lequel la famille Hopfer a maintenu ces plaques enclines à la
rouille ; certaines d’entre elles sont aujourd’hui au cabinet des
estampes de Berlin.
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3/ Dans son répertoire ornemental : grotesques et rinceaux
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Daniel Hopfer, Vierge à l’enfant, un exemple
du style Hopfer où les réminiscences du gothique tardif sont encore
visibles.
En bas à gauche, la numérotation de Funck, « 133 ».
Dans les gravures d’Hopfer dédiées à
l’ornementation, on distingue toute l’expression de la Renaissance
avec parfois quelques réminiscences du gothique tardif comme sur
l’estampe de la Vierge à l’enfant. Les quatre rinceaux de fraisiers,
de vignes et de feuilles de chênes sont habités d’oiseaux et
d’hybrides dans le goût des grotesques. Les traces du gothique se
retrouvent dans l’exubérance de l’ornementation, l’exagération de la
sinuosité et le recours à la végétation indigène. L’estampe présente
un fond noir en pointillé qui évoque les granulations des décors
ciselés de l’orfèvrerie.
Hieronymus Hopfer en collaboration
avec l’ornemaniste Albrecht Altdorfer
Trois vases à boire, modèles pour orfèvre (après 1525).
En bas à droite, la numérotation de Funck indique « 68 ».
Musée National Germanique de Nuremberg
Les grotesques composés de monstres
imaginaires, de silhouettes hybrides au milieu de guirlandes ou de
candélabres proposent un champ fertile à la réinterprétation. Daniel
Hopfer n’hésite pas à copier ses contemporains, ce qui est une
pratique commune au XVIe siècle, et à adapter des éléments pour les
besoins des ciseaux des orfèvres. Les gravures de candélabres
exécutées vers 1523 représentent un empilement d’éléments
d’architecture, de figures humaines et hybrides et de feuillages
sinueux, destinées à des modèles de porte-lampe. Sur l’estampe des
Trois vases à boire (1525) de son fils Hieronymus marquent
l’influence des modèles de candélabres et des vasques et fontaines
de la Renaissance.
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4/ La technique de l’eau-forte
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L’eau-forte désigne à la fois le procédé de la
gravure en creux sur plaque métallique et l’estampe qui en résulte.
Sur la plaque de métal recouverte de vernis, le
graveur dessine à l’aide d’un outil ; la plaque est ensuite plongée
dans un mélange d’acide nitrique de façon à creuser les zones
dégagées. Le repentir est possible, il suffit au graveur de repolir
la plaque. Ce procédé est plus facile à mettre en œuvre et plus
rapide que le burin de la taille douce, appelée technique sèche.
Daniel Hopfer, Panneaux d’ornements, gravure à
l’eau-forte.
Fine Arts Museums of San Francisco
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