Elle donne les résultats les plus fins mais
elle est d’un emploi délicat, résultant de 17 opérations
successives sur un bois préalablement bien dégraissé avec de
l’ammoniaque et de l’eau.
L’encollage : Il est destiné aux boiseries et tous
supports absorbants
Pour la première couche, on fait bouillir dans
1 litre d’eau 2 gousses d’ail, une poignée de feuilles
d’absinthe jusqu’à réduction de moitié ; on tamise le
jus et on ajoute ½ poignée de sel et ¼ de litre de vinaigre
et on ajoute la moitié du volume en colle de peau de lapin (dosée
à 150 g par litre) chaude.
La deuxième couche est préparée avec 150 g
de colle de peau de lapin, ½ gousse d’ail émincée et bouillie,
1 litre d’eau, 200 g blanc d’Espagne. Ces préparations sont
destinées à protéger le bois des insectes et à imperméabiliser
le support.
L’apprêt de blanc
On prépare l’apprêt avec 1 litre de colle
de peau de lapin (150 g
par litre), et 400 g de blanc d’Espagne. Cet apprêt est laissé
infuser pendant ½ heure puis passé tiède (30 à 40°) avec une
brosse ronde en tapant le support. Il est nécessaire de poser huit
couches minces ; en augmentant très légèrement la dilution
de l’apprêt. Enfin, on lisse l’enduit avec la brosse trempée
dans de l’eau tiède.
Le rebouchage et le peau-de-chiennage
Consiste à boucher les fentes des panneaux
avec un enduit fait d’un mélange de colle de peau de lapin pure
et de blanc d’Espagne nommé « gros blanc » puis poncé
à l’aide d’une peau de chien de mer (actuellement avec du
papier abrasif à l’eau). On prépare le gros blanc en versant de
la colle de peau sur du blanc d’Espagne jusqu’à l’obtention
d’une pâte épaisse (style enduit).
Le ponçage et l’adoucissage
Il s’agit d’un ponçage sommaire. Après séchage,
on ponce les aplats avec une pierre ponce fine (ou du papier abrasif
moyen sur une cale à poncer) en époussetant avec une brosse fine
et sèche. Puis on lave et on essuie soigneusement. Les parties
arrondies sont aussi traitées.
Les réparations
Les gorges et les sculptures sont dégagées
d’un excès d’apprêt par des « fer à réparer »,
sortes de crochets de fer de différentes formes. Les fers à réparer
servent aussi à créer un décor dans l’apprêt : fines
entailles, motifs floraux…
Le dégraissage
Nettoyage du support avec une éponge douce
puis essuyage.
Le prélage
opération de lissage, anciennement réalisé
avec une prèle, maintenant avec du papier abrasif très fin (grain
400 puis 600), en faisant attention à ne pas complètement enlever
le blanc.
Le coucher du jaune (ou d’une autre couleur)
On mélange 50 g d’ocre jaune bien broyé et
détrempé avec son poids d’eau dans ¼ de litre de colle de peau
de lapin chaude dosée à 75 g / litre ; On laisse décanter
puis on filtre. Cette teinte très légère est passée avec une
brosse fine sans insister pour ne pas mouiller excessivement les
couches précédentes. Cette couche sert de fond et d’accroche
pour l’assiette. Dans le cas d’une dorure à l’or vert,
l’ocre est remplacé par un mélange du blanc de titane, bleu de
Prusse et une laque jaune citron de façon à obtenir une teinte
vert d’eau. Pour la dorure à l’or citron, on utilise une laque
jaune citron (le pigment utilisé par les anciens doreurs est
le stil de grain).
L’égrainage
On ponce le jaune avec une prèle ou du papier
abrasif pour enlever toutes aspérités.
Le coucher de l’assiette
L’assiette doit être allongée par moitié
avec de la colle de peau*, puis passée sur le support avec une
brosse en soie de porc longue et mince (brosse à assiette) en une
couche sur les parties devant rester mates, trois couches pour
celles devant être brunies. Elle est composée d’un oxyde de fer
finement broyé et de colle de peau de lapin et se présente en une
pâte de couleur jaune, rouge ou noire pour l’argent et l’or
blanc.
Le frottage
Il s’effectue à l’aide d’une brosse dure
appelée « chien d’assiette» ; cette opération lustre
l’assiette sur les parties devant rester mates.
La dorure
Les
feuilles sont disposées dans un carnet de
8 cm de coté ; elles sont extrêmement fragiles, leur épaisseur
variant entre 0.1 et 0.8 microns. Elles ont des couleurs différentes
suivant leur teneur en or pur :
-
blanc : 12 carats
-
vert : 16 carats
-
jaune : 22 à 23.6 carats
On prélève du carnet la quantité de feuilles
suffisante pour le travail grâce à la palette à dorer (l’extrémité
de la palette est passée sur la joue pour se graisser) et on les
dispose sur le coussin. Puis on mouille la surface à dorer avec un
pinceau en petit gris pur, le « mouilleux », avec de
l’eau claire et fraîche en commençant par les fonds. La feuille
d’or est coupée par le couteau à dorer aux dimensions voulues
(le couteau est tenu verticalement sur la feuille et effectue un
va-et-vient ; on doit couper la feuille perpendiculairement,
d’abord dans un sens, puis dans l’autre, les morceaux devant être
carrés ou rectangulaires), puis happée par la palette. Elle est
posée sur le bord de la partie mouillée et en soufflant très légèrement,
elle s’étend seule sur le support ; on lui fait épouser les
formes grâce à l’appuyeux en tapotant légèrement à sec. Les
feuilles ne doivent pas présenter de plis et sont placées bord à
bord, le dessus ne doit jamais être mouillé, l’eau la tachant
irrémédiablement.
Le brunissage
Au début on brunit les rainures, puis les
autres parties ; le brunissage fait briller l’or et se fait à
l’aide de pierres d’agates de différentes formes montées sur
un manche : les brunissoirs. Il doit s’effectuer quand la
dorure et sèche et dans tous les cas le jour même.
Le matage
Les endroits devant rester mat sont encollés
avec de la colle de peau tiède et tamisée étendue de moitié
d’eau, passée légèrement en une couche pour ne pas décoller
l’or.
Le ramendage
Certaines parties de la dorure ont été abîmées
ou oubliées ; on répare ces imperfections avec des petits
morceaux d’or, posés comme précédemment ou par une peinture à
base d’or en poudre et de gomme arabique présentée comme un
godet d’aquarelle que l’on dilue avec de l’eau (anciennement
nommé «or en coquille»).
Le vermillonnage
C’est une sorte de patine, « le vermeil »,
passée avec un pinceau très fin dans les rainures et les creux
pour donner des reflets ; suivant les cas, les couleurs peuvent être
rouges, jaunes, vertes. Le vermeil est traditionnellement préparé
avec ½ partie de sang-dragon, 2 parties de rocou, 1 partie de
gomme gutte, 2 parties de cendres de bois de vigne et de 18 grains
de safran ; on fait bouillir ce mélange dans un peu moins
d’un litre d’eau jusqu’à réduction à ¾ de litre, puis on
tamise et on mélange avec un liant à base de gomme arabique
(300 g gomme pour 1 l d’eau ). Le vermeil vert est coloré avec de
la gomme gutte et un peu de bleu de Prusse, le jaune avec seulement
de la gomme gutte.
Le repassage
On repasse une couche de colle de peau allongée
d’eau dans les parties restantes mates.
*Certaines assiettes sont prêtes à l’emploi ;
il suffit de rajouter de l’eau pure ; se conformer aux
indications des fournisseurs.
|